Ex Machina




L’œuvre réalisé dans le cadre de la résidence artistique Utopia, en Corse.
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Dessin à la craie réalisé à l’échelle 1 (700cm x 850cm) à partir d’un schéma technique du Blériot XI, un des premiers avions de série fonctionnel de l’histoire de l’aviation.
L’une des premières tentatives de traversée de la mer Méditerranée fut entreprise au bord de ce type d’avion par Édouard Bague, qui disparut sans traces près des côtes corses en provenance de Nice. En comparant diverses sources datant de la même période (juin 1911) – les messages de disparition de l’avion d’E. Bague, les articles de journaux et les récits des habitants du nord de la Corse affirmant avoir aperçu « une lumière dans le ciel » qu’ils prirent pour une bataille entre un diable et un ange – une mythologie singulière se dévoile sous nos yeux.
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Piece sonore 3:26’ /
Le visiteur est invité à s’installer confortablement dans une chaise longue afin d’écouter au casque une voix rassurante au débit lent, appelant au calme et énonçant des indications à suivre en cas d’incendie, ou d’une catastrophe naturelle, ou une chute d’avion, le résultat oscillant entre une séance d’hypnose, une reverie et des consignes de sécurité telles qu’on les trouve à bord d’un avion.
Une chaise longue en bois, blanchie par la pluie et le soleil, repose sous une canopée de végétation méditerranéenne. Enveloppée par les ombres, elle se fond dans l’atmosphère paresseuse de cet après-midi estival.
Le ciel est d’un bleu profond et l’océan de couleur azur. Vous êtes tout seul. Vous marchez les pieds nus sur le sable chaud, brûlant. Dès que vous entendez la consigne « brace, brace », adoptez la position de sécurité.
Un étrange cataclysme se déploie dans un rêve bizarre. Il semble que le monde que l’on connait soit en train de se transformer profondément, et que l’on entre lentement dans une nouvelle réalité dystopique. On le sait, on s’y prépare, mais on reste tranquille.
Il est surprenant que ce jardin primordial accueille aussi bien cette installation sonore. Il faut y pénétrer et déambuler à travers les allées pour découvrir cet endroit comme par hasard, où nous attend cette vieille chaise longue, à l’abri des regards indésirables. En s’y installant confortablement, le casque sur les oreilles, une voix féminine rassurante au débit lent, semble vous hypnotiser. Vous vous détendez face au vague désastre, ici, tout seul, les yeux clos.
Au dessus de vous, le ciel est d’un rouge magnifique et d’un orange flamboyant. Inspirez. Expirez. Restez calme et allongé. Suivez les consignes de sécurité.
C’est une évocation du sentiment de désorientation face à l’évolution de l’état du monde, façonné par les impacts économiques, politiques et humains. Une méditation du possible désastre.
Tout va bien, de toute façon.